J'entrai dans l'écurie de Smothness Hill avec cette petite boule au ventre que je tentais de dissimuler. J'étais stressée, et pas qu'un peu. A mon arrivée ici, j'avais du choisir entre prendre un cheval différent tous les mois ou bien en avoir un à moi. Le choix avait été difficile, puisque depuis la disparition de Suez je ne me voyais pas avec un nouveau cheval. Et pourtant, quand j'étais entrée chez le marchand j'avais tout de suite craquée pour cette belle jument qui me faisait penser à Suez. Elle est splendide, alezane et aussi une pur-sang. Sweet Lady. Je n'avais pas hésiter plus longtemps et j'avais décidé de reprendre ma carrière et l'entraînement avec cette beauté. Mais là, maintenant qu'elle est arrivée, j'ai peur de ne plus être à la hauteur, de ne pas réussir à retrouver mon niveau. J'avance doucement, les mains dans les poches de mon sweat gris, et je cherche le nom de ma jument en inspirant. Mes cheveux sont relevés en une queue de cheval haute, je n'ai pas eu le courage de lisser mes cheveux aujourd'hui. Sweet Lady. Le nom s'affiche face à moi et je lève doucement les yeux pour découvrir la belle alezane, qui me regarde de ses yeux de biche. Un léger sourire orne mes lèvres et fébrile, je pose ma main sur son museau, le caressant doucement. « Coucou toi.. T'es bien belle.. » J'inspire et me rassure un peu, caresse sa joue doucement, elle s'ébroue et cela me fait sourire.

Je sors un sucre de ma poche et le lui donne avec un petit sourire, avant de me diriger vers les casiers afin de prendre ma malle de pansage et d'aller la poser devant le box de Lady. Elle me regarde faire, intriguée et j'ouvre la porte de son box afin de lui mettre le licol de cuir. J'y attache la longe et je la fais sortir du box doucement, l'attache à l'anneau en refermant sa porte. Elle tape du pied, elle a l'air de vouloir sortir et ça me fait penser que son vendeur me disait qu'elle adorait le champs. Je flatte son encolure et ouvre ma malle de pansage. « Tu vas aller au champs demain ma belle. Aujourd'hui pas de monte, je m'occupe juste de toi, on va faire connaissance. » Je prends mon étrille et la passe sur les parties les plus charnues de sa robe, de chaque côté. Elle n'est pas trop chatouilleuse, tant mieux, elle est plutôt zen. Ça me fait sourire, on me l'avait dit, mais visiblement elle est aussi feignante à la main et énergique sous la selle. Je découvrirais ça demain. Une fois étrillée je prends le bouchon et le passe sur tout son corps excepté la tête, insiste bien sur ses pattes. Elle bouge un peu, rien de bien inquiétant et je m'amuse avec elle. Sa tête est brossée avec la brosse douce et je brosse ses crins, jusqu'à ce qu'aucun nœud ne se montre. Puis je coupe un peu ses crins, histoire d'égaliser sa crinière et de la rendre plus courte, puis je coupe sa queue au dessus des boulets. Parfait, elle est parfaite. Je flatte son encolure et nettoie ses naseaux et ses yeux, puis prends mon cure-pieds et essaye de prendre son sabot. Elle porte tout son poids sur ce sabot et refuse que je le lui prenne, ce qui me fait rire. Je pousse un peu et finit par réussir à faire ses sabots. « Feignasse va ! » La voilà toute propre. Je souris et lui vernit les sabots, puis range le tout et va déposer ma malle. Ça suffit pour le moment, je dois aussi rendre visite à Oural. Je la remet dans son box et vérifie que son eau est propre, puis lui donne une carotte avant de quitter l'écurie, contente de cette première approche.